Agir pour l’école – Introduction

Partout dans le monde, des hommes et des femmes agissent pour améliorer le quotidien des autres. Impliqués, passionnés, ils offrent leur temps, leur énergie, leur expérience à une cause juste. Je vous propose de découvrir aujourd’hui un exemple d’engagement pour l’éducation à travers l’interview de Basile Dohan Dago, enseignant à l’école primaire et président de l’association ivoirienne « Agir pour l’école » . Il a accepté de répondre à mes questions.

Depuis combien de temps l’association « Agir pour l’école » existe-t-elle ?

Agir pour l'école - Basile DOHAN Dago, Enseignant d'État

Basile DOHAN Dago, Enseignant d’État, diplômé de cafop, Président de l’ Agir pour l’école en Côte d’Ivoire.

Agir pour école existe depuis 2015 et est constituée légalement avec un récépissé du ministère de l’intérieur.

Agir pour l’école a déjà un nom très explicite, mais pouvez-vous nous parler de votre association ?

Agir pour l’école est une association, guidée par une ambition de trouver des solutions idoines contre la massification des classes, le redoublement massif et l’échec scolaire, les inégalités scolaires et du système éducatif de façon générale. Elle en appelle à la prise de conscience par le citoyen, le politique, le secteur public et les entreprises d’une responsabilité collective au service de l’éducation et de l’avenir dans le but de vaincre l’échec scolaire en se posant comme une plateforme de rencontres pour des échanges, de conception et d’expérimentation de nouvelles méthodes d’apprentissage fondées sur la réalité du terrain.

Combien de personnes travaillent pour l’association ?
Agir pour l’école est composée de 50 membres bénévoles répartis sur l’ensemble du territoire ivoirien et est dirigée par un Comité Directeur de 07 membres.

Agir pour l'écolePouvez vous nous décrire le quotidien d’un écolier en brousse ?

L’ écolier en brousse, une fois à la maison, n’est plus encadré au niveau des études parce que les parents étant analphabètes pour la majorité. Certaines localités ne disposant pas d’écoles, les enfants sont obligés de parcourir de longues distances parfois 5 ou 6 km voire plus pour aller à l’école (la carte scolaire impose un rayon de cinq km minimum), cela n’est pas sans favoriser redoublement et abandon de bien des enfants au profit des champs. Souvent ces écoles ne bénéficient de cantines, de ce fait, beaucoup d’enfants rejoignent leurs parents au champ pour le déjeuner à la pause, quand les autres n’ayant pas de tuteurs, sont livrés à eux-mêmes. Par ailleurs la plupart des écoliers ne possèdent pas d’extrait d’acte de naissance etc.
Pouvez nous parler des programmes étudiés ?
Les programmes étudiés sont les programmes éducatifs basés sur la réalité du terrain.

Le français a-t-il une part importante dans l’enseignement ?

Oui, le français est notre langue nationale, il est utilisé dans tous les domaines d’activités en Côte d’Ivoire.

D’autres langues sont-elles utilisées ?
Oui ! Au primaire c’est ce qu’on appelle«l’école intégrée» qui consiste en l’enseignement en certaines langues nationales telles le mahou, le senoufo, le yacouba, le baoulé, etc. Cependant l’expérience a connu un coup d’arrêt avec la crise de 2002. La reprise est timide. Il existe 10 écoles pilotes bientôt à la phase de vulgarisation.

Pouvez nous parler des enseignants et leurs quotidiens ?

En Côte d’Ivoire, pour être un enseignant au primaire, on procède par un concours organisé par le ministère de l’éducation nationale, une Agir pour l'écolefois admis au concours, vous êtes envoyé dans les centres d’animation et de formation pédagogique (CAFOP) pour environ une année, de là vous êtes affecté sur le terrain pour être titularisé par un Inspecteur de l’Enseignement Préscolaire et Primaire pour voir si vous êtes apte pour l’enseignement. Selon que l’on est entré avec le BEPC ou avec le bac, on sort du CAFOP, soit avec le DIAS (Diplôme Instituteur Adjoint Stagiaire), soit avec le DIS (Diplôme Instituteur Stagiaire). L’ année de stage est sanctionnée par soit l’obtention du CEAP (Certificat Élémentaire Aptitude Pédagogique) soit par celle du CAP ( Certificat Aptitude Pédagogique)

 

À quels problèmes concrets les enseignants sont-ils confrontés ?Agir pour l'école
Les enseignants du primaire en brousse sont confrontés aux problèmes de logement, certains logent dans des cases, problèmes de salle de classe, certains dispensent les cours sous des paillotes, des hangars, des magasins, pas de moyens de communication, un enseignant peut être affecté dans une localité, où il n’y a pas de réseau de communication, pas de pompe hydraulique, pas d’électricité, pas de route, pas de dispensaire, on se sent très isolé au point d’avoir parfois l’impression d’être en prison…

L’association « Agir pour l’école » reçoit-elle une aide gouvernementale ? Comment peut-on vous aider ?

Nous ne recevons pas d’aide de l’État, nous recherchons des partenaires pour nous aider dans la réalisation de nos projets afin d’atteindre notre objectif à savoir une école où il fait bon vivre pour un épanouissement pluriel et multiforme.

Vous pouvez vous aussi agir pour l’école en participant à la cagnotte de M. Basile Dohan Dango.